14

 

Quand Richard arriva, Sweeney était emmitouflée dans une couverture. Elle avait froid, mais rien de comparable aux jours précédents. Le milliardaire déposa un petit baiser sur ses lèvres et la prit dans ses bras pour la réchauffer.

— Attends ! dit-elle. Je veux d’abord que tu voies ma peinture.

Richard la suivit dans son atelier. Tous deux contemplèrent la toile en silence. La scène était spectaculaire : la femme gisait sur le dos, dans une mare de sang qui souillait un tapis beige. Sa robe noire était en lambeaux, l’un de ses bras affreusement tailladé.

L’assassin se tenait debout au-dessus de sa victime, un long couteau à la main. Son bras pendait le long de son corps. Il portait un pantalon et une chemise noirs, des chaussures à bouts pointus. Son visage n’était pas encore apparu à Sweeney.

— Un cambrioleur, peut-être, remarqua Richard. Les deux personnages sont vêtus de noir, mais il semble que la femme revienne d’une réception. Les chaussures du type ne collent pas, toutefois. Un voleur aurait préféré des tennis, ou des souliers à semelles de crêpe.

— Moi aussi, je les trouve bizarres, ces chaussures. Mais c’est un détail. Il faut que je termine cette toile, que je sache qui est cette femme !

— Tu ne le sauras pas avant qu’il soit trop tard, lui répéta Richard en passant un bras autour de ses épaules. Tu n’y peux rien. Les choses se sont passées ainsi pour Elijah Stokes…

— Mes dons de voyance pourraient aller s’affinant !

— Espérons-le, Sweeney. Mais cette fois, il peut très bien s’agir d’un meurtre avec préméditation, et non d’un cambriolage qui a mal tourné.

Sweeney ne voyait pas où Richard voulait en venir.

— Qu’est-ce que cela changerait ?

— Cela voudrait dire que le type a tout prévu. Et que tu captes une scène qu’il a déjà mise au point.

— Tu as l’esprit trop analytique.

Elle savait pourtant que Richard avait raison.

— C’est grâce à mon esprit analytique que je suis devenu riche, Sweeney. Regarde les choses en face. Tu n’as probablement pas la capacité de sauver cette femme. Mais tu pourras te rendre utile autrement. Quand ce tableau sera terminé, nous connaîtrons le visage du meurtrier.

Le milliardaire prit Sweeney par la taille et l’entraîna dans le salon. Là, il s’installa sur le sofa, l’attira sur ses genoux et enroula un plaid autour d’eux. Il caressa tendrement les cheveux de Sweeney, repoussa ses boucles, l’embrassa sur la tempe.

— J’ai de bonnes nouvelles, murmura-t-il. Candra doit signer les papiers demain. Et j’ai obtenu une audience pour la semaine prochaine.

Sweeney le dévisagea, médusée. Les New-Yorkais attendent souvent plus de six mois pour passer devant le juge des affaires matrimoniales. Richard avait accompli un petit miracle.

— Comment as-tu fait pour que ce soit aussi rapide ?

— Je suis riche, répondit Richard. On me demande sans arrêt des faveurs. Aussi ai-je de nombreux obligés.

Il effleura les paupières de Sweeney du bout des lèvres.

— Dès la semaine prochaine, quand tu auras froid, je pourrai te réchauffer de l’intérieur, déclara-t-il.

Il la réchauffait déjà… Le cœur de Sweeney battait la chamade.

— Tu t’en sors bien, rien qu’en me serrant dans tes bras, remarqua-t-elle, haletante.

— Vu la façon dont tu t’agites, je n’aurais qu’à m’allonger sur le dos, t’asseoir sur moi, et me laisser emporter au galop !

Elle éclata de rire et enfouit son visage dans le cou de Richard, qui lui caressa la nuque puis l’embrassa. Leur baiser se fit torride. Puis l’homme d’affaires l’interrompit, les joues en feu.

— Si cela continue, je ne vais même plus pouvoir t’embrasser, avoua-t-il. Distrais-moi, Sweeney. Parle-moi de toi.

— Que veux-tu savoir ?

— Tout, depuis le début. Tu es vraiment née en Italie ?

— Oui. À Florence. Ma mère effectuait un pèlerinage artistique au pays de Michel-Ange. Je suis née deux semaines avant terme, ce qui a gâché son voyage. Je régurgitais tous mes biberons, je perdais du poids. Elle m’a donc laissée à l’hôpital pour visiter Rome. Elle était sur la route deux jours après son accouchement !

— Tu veux dire que ta mère a abandonné son nouveau-né malade à l’hôpital pour pouvoir profiter de ses vacances ? s’exclama Richard, abasourdi.

— Eh oui ! Cela lui ressemble assez, déclara Sweeney avec un petit rire gêné.

— Où était ton père, pendant ce temps-là ?

— Il devait travailler sur un film, j’imagine.

Le milliardaire paraissait outré. Sa réaction surprit Sweeney, qui avait cessé depuis longtemps de s’interroger sur le comportement de ses parents. Elle ne cherchait ni à analyser, ni à justifier leur irresponsabilité.

— Enfin, Richard ! protesta-t-elle, ils ne me battaient pas ! Ils ne nous accordaient aucune attention, mais je suppose qu’il y a pire que cela.

— Nous ?

— J’ai un frère. Et plusieurs demi-frères et demi-sœurs, issus des nombreux remariages de mon père. Il se peut que papa ait de nouveau contribué à la pérennité de l’espèce, depuis la dernière fois que je l’ai vu.

— Tu es proche de ton frère ?

— Non. Mike est une caricature de nos parents. Snob, drogué. Je n’ai pas de nouvelles de lui depuis… oh, trois ans, voire plus.

— Seigneur, marmonna Richard.

— J’ai envoyé une carte postale à tout le monde quand j’ai emménagé, poursuivit Sweeney. Ils savent donc où me trouver, mais personne n’a jugé bon de se manifester, semble-t-il. Peut-être avaient-ils tous émigré avant de recevoir mon courrier. Et ta famille ?

— Je n’ai plus de famille directe. J’ai perdu mon père à trois ans. Ma mère et moi avons vécu avec mon grand-père, qui est décédé il y a cinq ans. Ma mère est morte l’année d’après. J’ai deux oncles et une tante du côté de mon père, et nombre de cousins, dont la plupart vivent en Virginie. Je retourne là-bas de temps à autre. Parfois pour Noël. Candra détestait ma famille, alors je leur rendais visite sans elle.

Richard semblait, quant à lui, beaucoup aimer ses parents, songea Sweeney. Elle essaya de se représenter une joyeuse tablée.

— Chez moi, une réunion de famille est une chose inconcevable, remarqua-t-elle.

— Que fais-tu pour Noël ?

— Rien, avoua-t-elle. Je travaille. Nos parents ne nous invitent jamais en vacances.

— Dans ce cas, nous passerons le nouvel an en Virginie, décida-t-il.

Sweeney se redressa, surprise.

— Tu veux dire que tu m’emmèneras avec toi ?

— Je ne te laisserai certainement pas ici toute seule.

La jeune femme en croyait à peine ses oreilles. Elle n’avait pas osé envisager que cette relation puisse durer – même si elle ne souhaitait que cela. Sweeney n’avait pas l’habitude des liaisons amoureuses. Elle ignorait ce qu’on était censé attendre d’un amant.

— Tu penses que nous serons encore… tu vois, dit-elle, hésitante.

— Oh oui ! répondit Richard d’un ton catégorique.

— Bien, alors c’est d’accord.

Il ne put réprimer un sourire.

— Ne montre pas trop d’enthousiasme, surtout !

Puis il jeta un coup d’œil à sa montre.

— J’ai un rendez-vous qu’il faudrait que j’annule si…

— Non, non ! Vas-y, se récria-t-elle.

Elle se leva.

— J’ai chaud, maintenant. Je prenais seulement plaisir à rester sur tes genoux.

Richard l’observa, pour juger par lui-même de son état. Il prit sa main, s’assura que ses doigts n’étaient pas froids, puis il baisa ces derniers.

— Très bien, dit-il. Tu sais comment me joindre si tu as besoin de moi, J’ai un dîner d’affaires aujourd’hui et demain, mais ensuite je serai libre tous les soirs de la semaine.

Il lui adressa un clin d’œil.

— Je crois qu’un deuxième rendez-vous s’impose.

À 23 h 30, ce soir-là, Candra regagna son appartement. Elle adorait sortir, mais avait été incapable de s’amuser – bien que la plupart de ses amis eussent été présents. Le cœur n’y était pas. Elle pensait à l’épreuve qui l’attendait le lendemain, chez son avocate. Elle allait signer des documents officiels. Et se détacher, légalement, définitivement, de Richard Worth. Un jour, peut-être, rencontrerait-elle un homme de la valeur de son ex-mari. Elle en doutait.

Richard avait gagné la partie. Candra était donc perdante. Elle avait eu tort d’essayer de le manipuler, elle s’en rendait compte à présent. Si elle lui avait rendu sa liberté de bonne grâce, elle aurait conservé toute sa dignité – et Richard se serait montré plus généreux.

Mrs Worth se sentait affreusement lasse. Son avenir lui apparaissait sombre, bien que Carson McMillan se préparât à virer un million de dollars sur son compte.

Elle avait laissé des lampes allumées dans son vestibule et dans son salon : elle avait horreur de trouver son appartement obscur en rentrant chez elle. Candra se rappela l’époque où elle ne se préoccupait pas de ce genre de détail : elle regagnait sa maison en compagnie de Richard. Parfois, quand la perspective d’une nuit solitaire l’affolait, la directrice de la galerie Worth faisait venir Kai. Ce soir, toutefois, elle préférait encore la solitude à la présence du jeune homme, qui semblait s’amuser de la dureté de Richard à son égard. Candra s’apprêtait à congédier le play-boy. Les beaux jeunes gens désireux de s’introduire dans le monde de l’art ne manquaient pas, à New York. Ils ne rechigneraient pas à y entrer par la petite porte.

Elle laissa son sac à main en perles dans le vestibule et tira les verrous. Ses talons cliquetèrent sur les dalles en faux marbre. Ils se turent lorsqu’elle posa le pied sur le tapis beige du salon. C’est alors qu’elle vit quelque chose bouger. Muette de peur, elle pressa sa main sur son cœur, avant de retrouver en partie ses esprits.

— Comment as-tu pénétré dans l’immeuble ?

— J’ai une clé. C’est pratique, n’est-ce pas ?

— Une clé ? Je ne te crois pas. Comment pourrais-tu avoir une clé de mon appartement ?

— J’ai des relations.

— Foutaises ! Je possède la seule clé de chez moi !

— Apparemment pas, Candra.

La suffisance qui perçait dans ces propos l’agaça, et elle opta pour le mépris.

— Tu vas à une fête costumée ? Ou bien tu pensais que c’était Halloween ? Dans ce cas, tu fais erreur.

— C’est toi qui as commis une erreur, Candra.

Pourquoi feindre de ne pas comprendre ?

— C’est à cause du million, n’est-ce pas ? Ce n’est pas dirigé contre toi. J’ai besoin d’argent et je n’ai pas trouvé d’autre moyen de m’en procurer. Cela ne se reproduira pas.

Sa tirade n’eut pas l’effet escompté.

— Tu pensais vraiment que je te laisserais gâcher ce pour quoi j’ai bataillé toute ma vie ?

— Tu savais dans quoi tu t’embarquais. Alors ne joue pas les victimes !

— Je puis t’assurer que s’il doit y avoir une victime, ce ne sera pas moi.

Candra recula d’un pas, soudain alarmée.

— Laisse-moi tranquille ! Sors de chez moi !

— Ce n’est pas toi qui donnes les ordres, chérie.

Une main gantée se dressa, armée d’un couteau de cuisine.

Candra réagit avec sang-froid. Elle se déporta sur la gauche, comme pour courir vers la porte. Puis elle se rua sur le téléphone, de l’autre côté. Un modèle ancien, avec fil. Elle commençait à composer le 911, lorsque le couteau s’abattit sur son bras, Candra hurla, se rejeta en arrière. Son talon se prit dans le pied du guéridon et elle s’étala sur le dos. Elle roula aussitôt sur elle-même, réussit à se remettre debout. Le couteau plongea dans son dos. Une douleur affreuse, sensation à la fois glacée et brûlante, fusa en elle comme une décharge électrique. Elle faillit s’évanouir mais se jeta en avant, dans l’espoir d’échapper à la lame meurtrière.

— Non, non, non ! s’entendit-elle bafouiller.

Elle se releva, bondit vers le canapé, décidée à sauter par-dessus pour gagner du temps. La peur et la douleur émoussaient cependant ses réflexes. Son bel escarpin se prit dans le tapis, sa cheville se tordit de façon affreuse, lui causant une souffrance encore plus vive que le couteau qu’on lui avait planté dans le dos. La chaussure glissa de son pied, et elle se retrouva à quatre pattes. Une langue de glace bouillante la transperça, sous l’omoplate droite. Puis encore une fois, plus bas, dans la hanche.

Candra se convulsa sous la douleur, son corps se crispa. Elle ne parvenait même plus à crier. Sa bouche s’ouvrait en un combat silencieux pour aspirer de l’air, mais ses poumons refusaient de coopérer. Elle réussit à prendre appui sur ses mains, puis à ramper. C’était là un effort suprême, mais ô combien dérisoire – et elle en avait conscience.

Elle retomba sur le tapis, donna un faible coup de pied devant elle. La lame lui arriva dessus dans un éclair. Candra parvint à lever le bras gauche, sentit le choc du couteau, mais n’éprouva aucune douleur. Un autre coup suivit, dans sa cage thoracique. Ses côtes cédèrent sous l’impact. Après quoi, la lame s’enfonça dans la chair tendre de son ventre.

Candra suffoqua, s’échoua sur le tapis tel un poisson hors de l’eau. Le temps ralentit, de plus en plus, ou peut-être en eut-elle seulement l’impression. La souffrance devint moins sensible, cédant la place à une grande lassitude. L’intensité des lampes devait baisser. Candra ne percevait plus qu’une faible lueur dans les ténèbres. Il fallait qu’elle bouge… Le couteau… Mais le couteau n’était plus là… Elle ne pouvait que demeurer immobile dans le noir, tandis qu’un froid bizarre envahissait peu à peu son corps, et que les battements de son cœur se faisaient plus lents… Très lents… De plus en plus lents… Cessaient. L’assassin ne rata pas l’instant de la mort. La vessie et l’intestin libérèrent leur contenu. Spectacle dégoûtant et plaisant à la fois. Cette salope méritait qu’on la trouve baignant dans ses excréments.

Le meurtre avait été prémédité, l’appartement fouillé de fond en comble, mais les photos compromettantes ne s’y trouvaient pas. C’était là un réel problème. Heureusement qu’ils avaient été assez intelligents pour prendre des précautions.

Le coup de fil annonçant que Candra venait de quitter la réception avait joué un rôle essentiel. Autrement, la soirée se fût achevée d’une tout autre manière. L’argent et les bijoux qu’elle gardait chez elle avaient été récupérés, et la porte du réfrigérateur ouverte : la police penserait que Candra avait surpris le cambrioleur dans la cuisine. De plus, cela expliquerait l’usage du couteau, rangé avec d’autres dans un râtelier, à portée de main.

Les doigts gantés s’ouvrirent et lâchèrent la lame sur le sol, à côté du corps. Après tout, cette arme appartenait à la victime.

L’assassin sortit un tournevis de sa poche et s’en servit pour trafiquer la serrure. On penserait ainsi qu’elle avait été forcée. Un travail discret. Tellement discret qu’une femme n’aurait pu remarquer quoi que ce soit d’anormal en rentrant chez elle – dans un couloir mal éclairé, de surcroît. Un travail qui toutefois attirerait l’attention de la police – à coup sûr. Une serrure intacte aurait signifié que Candra connaissait la personne qui l’avait tuée, ou que celle-ci avait utilisé un double de la clé.

L’argent et les bijoux – la plupart des bijoux, et très peu de liquide – se trouvaient dans le petit sac noir et seraient bientôt planqués en lieu sûr. Qui sait, ils pourraient un jour s’avérer utiles…

Les couleurs du crime
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